Les prix des céréales augmentent
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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L’appétit chinois pour les blés américains et les inquiétudes sur les maïs brésiliens ont tiré les prix des céréales vers le haut. C’est l’inverse du côté des oléagineux dont les prix sont sous la pression d’une amélioration des niveaux de récolte au Canada et en Amérique du Sud.
Blé : renchérissement de toutes les origines
Cette semaine a connu une hausse des prix du blé rendu Rouen et du blé rendu La Pallice, terminant la semaine respectivement à 224,5 €/t et 225,5 €/t (base juillet), soit une hausse de 7 €/t chacun par rapport à la semaine précédente. La France confirme un net ralentissement des semis de blé avec une réalisation à hauteur de 89 % au 4 décembre 2023, selon FranceAgriMer. Les semis sont habituellement terminés à cette période de l’année. La baisse de la surface de blé française semble donc inévitable, avec une perte potentielle de rendement pour les semis les plus tardifs.
En outre, les prix du blé ont été tirés vers le haut par l’achat cumulé de près d’un million de tonnes de blé meunier américain Soft Red Winter (SRW) par la Chine. Ces achats chinois confirment les problèmes de qualité de récolte qu’a rencontrés le pays l’été dernier en raison de très fortes pluies. En conséquence, le blé américain SRW a grimpé de 30 $/t en une semaine, pour atteindre 271 $/t Fob. Les blés russes se sont également renchéris pour atteindre 232,5 $/t Fob (pour 11,5 % de protéines), notamment pénalisés par la baisse du rouble face au dollar. Pour autant, ils restent les plus compétitifs.
La récente baisse de la parité euro-dollar et le mauvais temps en mer Noire en novembre auraient aussi pu potentiellement favoriser les exportations françaises. Cela ne s’est néanmoins pas concrétisé. La Russie vient même de remporter un appel d’offres de l’Égypte de 420 000 tonnes. L’Ukraine s’est vue, quant à elle, acheter 30 000 tonnes de blé à destination du Liban. Ces achats montrent bien la forte compétitivité des origines mer Noire. Les dernières données hebdomadaires de la Commission européenne indiquent que l’Union européenne n’a exporté que 12,5 millions de tonnes de blé tendre depuis le 1er juillet 2023 contre 15,3 millions de tonnes l’an dernier sur la même période.
Maïs : les prix du maïs repartent à la hausse
Les prix du maïs français sont repartis à la hausse sur la semaine. Le maïs Fob Bordeaux a augmenté de 3,5 €/t, à 197 €/t (base juillet). Toutefois, la hausse la plus significative concerne le maïs Fob Rhin avec une augmentation de 6 €/t sur la semaine pour s’afficher à 208 €/t pour une livraison en décembre. Les cours du maïs français suivent la dynamique des marchés internationaux. En effet, les principales origines exportatrices que sont les États-Unis, le Brésil et l’Argentine affichent toutes une remontée des prix cette semaine.
Un des principaux facteurs de ce soutien des prix repose sur les inquiétudes du niveau de production au Brésil. Le Conab (institut brésilien) a par ailleurs publié hier, le 7 décembre 2023, sa dernière prévision de production à 118,5 millions de tonnes, soit une baisse de 0,5 million de tonnes par rapport à la précédente publication. Une forte réduction de la surface de maïs Safrinha est attendue par certains analystes en raison du retard dans les semis de soja et du manque de rentabilité du maïs. Les échos des agriculteurs brésiliens font état d’une baisse potentielle de plus de 10 % de la surface de maïs Safrinha. Du côté de la demande, de récents achats ont été réalisés par la Corée du Sud.
Enfin, du côté des exportations, l’Ukraine et la Roumanie continuent de développer la capacité des flux par transit en direction du port de Constanta étant donné qu’il s’agit de la voie d’exportation la plus fiable. Après un mois d’octobre record pour le transit de produits ukrainiens (3 millions de tonnes), l’objectif est d’atteindre 4 millions de tonnes par mois. À noter que l’Ukraine continue également d’exporter depuis les ports d’Odessa via le nouveau corridor maritime sans l’accord de la Russie. Finalement, bien que les questions sur la production prennent le pas dans les marchés, l’élément clé de cette campagne reste la demande.
Baisse des cours du colza
Cette semaine, les prix du colza ont régressé, entre 9 et 12 €/t, sur les échéances Euronext de février et mai 2024, et s’établissent respectivement à 439 €/t et 443 €/t.
Les cours européens ont notamment été sous la pression des prix du canola canadien. Ces derniers ont diminué à la suite de la publication par Statcan de la nouvelle estimation de production de canola au Canada. Celle-ci a été rehaussée de près de 1 million de tonnes (Mt) par rapport à la dernière estimation, à 18,3 millions de tonnes. Dans le même temps, l’institut australien Abares a revu à la hausse sa prévision de production à 5,5 millions de tonnes, pesant aussi sur les prix européens.
Les cours du colza ont également reculé dans le sillage de ceux de soja, sous l’impact des récentes précipitations au Brésil. Enfin, les prix du colza ont réagi à la baisse à la suite des cours du pétrole. Ces derniers ont régressé de près de 9 % sur la semaine en raison des inquiétudes concernant la demande. Les craintes d’un ralentissement économique sont de plus en plus présentes et ont ainsi éclipsé les nouvelles coupes de production décidées par l’Opep + la semaine dernière. Cette décision n’a eu aucun impact haussier sur les cours.
Tourteau de soja : la cotation française recule légèrement
La tendance baissière des prix mondiaux du tourteau de soja s’est poursuivie cette semaine. À Chicago, le cours du tourteau a perdu 19 $/t pour le contrat janvier 2024. Les précipitations bénéfiques au Brésil au cours de la semaine ont exercé une pression baissière sur les prix, en dépit de la révision à la baisse de la production brésilienne de soja. En effet, le Conab, l’agence nationale d’approvisionnement au brésil, a révisé à la baisse de 2,24 millions de tonnes à 160,2 millions de tonnes son estimation de production de soja pour la campagne de 2023-2024. Cependant, malgré cette réduction, la production de soja au Brésil reste toujours prévue à un niveau record.
Les semis de soja se poursuivent au Brésil, bien qu’ils accusent toujours du retard, lié à des conditions météorologiques sèches des dernières semaines dans les principales régions de production. Selon le Conab, au 2 décembre 83,1 % des superficies en soja avaient déjà été semées, contre 90,7 % l’an dernier à la même période. Des bonnes précipitations et des températures moins élevées au cours de la semaine et l’annonce de nouvelles pluies prévues dans les jours à venir, devraient permettre d’améliorer la situation.
En Argentine, les perspectives de production de soja restent toujours très prometteuses. Les pluies abondantes enregistrées ces dernières semaines sur les principales zones agricoles du pays, devraient favoriser la croissance des cultures. Selon le ministre argentin de l’Agriculture, au 7 décembre, 55 % des superficies en soja avaient déjà été semées, contre 53 % l’année dernière à la même période.
Les prix des tourteaux de soja à Montoir ont d’abord évolué en hausse, mais ont ensuite inversé leur tendance pour terminer la semaine dans le rouge. Au total, le cours français a reculé de 2 €/t pour s’afficher à 536 €/t.
À suivre : conditions des cultures d’hiver en Europe et en mer Noire, avancée des récoltes en Australie et en Argentine (céréales, colza), conditions de culture en Amérique du Sud pour le soja et le maïs, situation géopolitique en mer Noire, prix du pétrole, conjoncture économique mondiale, parité euro/dollar.
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